Mérule : Histoire, développement, reproduction et croissance

Serpula lacrymans ou Mérule pleureuse ou encore Mérule des maisons est un champignon qui se nourrit de bois donc lignivore. Cette espèce est considérée comme la plus virulente, dévastatrice et envahissante qui puisse se développer dans les bâtiments.

Le qualificatif « pleureuse » vient de la forme du mycélium du champignon qui perle le long du bois comme des larmes qui coulent.

La mérule pleureuse est originaire de l’Asie, plus précisément de l’Himalaya. Elle s’est servie des échanges maritimes entre les pays pour se déporter un peu partout dans le monde.

On dénombre au moins cinq différentes espèces de Mérules dans le monde.

 

  • Serpula lacrymans ou Mérule pleureuse est l’espèce la plus répandue. Cependant, on ne la retrouve que dans les bâtiments.
  • Serpula himantioides, Mérule sauvage ou Mérule sylvestre, est une espèce de champignons que l’on retrouve dans la forêt, mais aussi dans les bâtiments. Mais cette mérule a tendance à préférer le bois ouvré qui se trouve en extérieur et non en intérieur.
  • Serpula tignicola ou Mérule de Sibérie
  • Serpula incrassata ou Mérule nord-américaine.
  • Serpula similis ou Mérule sud asiatique
  • Parmi ces espèces, seules les deux premières sévissent en Europe. Les souches de la Mérule pleureuse ont d’abord migré en Oregon, dans le nord de l’Amérique puis dans le sud avant de s’établir en Océanie puis en Europe. Puisque cette espèce ne supporte pas les températures élevées, les régions tropicales ont été épargnées. 

    On trouve des traces de Mérule pleureuse dans la bible. On y mentionne une « lèpre des maisons » qui serait un châtiment de Dieu. Effectuer cette analogie entre la Mérule et la lèpre n’est pas anodine. En effet, tous deux sont très contagieux et finissent par détruire leur hôte. Historiquement, dans la Bible, les habitants de la maison faisaient appel à un prêtre pour éliminer la Mérule. À notre époque, nous estimons qu’un professionnel est plus qualifié pour ce travail.

    Toujours dans l’histoire, on attribue à la Mérule pleureuse des dégradations observées sur certains navires au 17e siècle. À l’époque de l’utilisation des coques ou ossatures de bateau en bois, la Mérule a provoqué bon nombre de naufrages et même des désintégrations au moment de la mise à flot des navires. Les férus d’histoire rapportent même que pendant la bataille navale de Trafalgar, une bonne partie de la flotte du vice-amiral Nelson a été emportée par la Mérule et non par les assaillants franco-espagnols. 

    Ainsi, c’est en voyageant d’un port à un autre que la Mérule a réussi à s’étendre sur toute la surface du globe.  

    À partir du 19e siècle, plusieurs travaux ont été réalisés sur la terre ferme pour empêcher la Mérule de continuer à nuire aux bâtiments. 

    En Europe, avant 1990, seules de rares attaques de Mérule étaient répertoriées. Mais après cette période, les attaques se sont enchaînées. Les intervenants dans le secteur de l’habitat affirment que cette explosion de la présence des mérules pouvait être imputée à l’augmentation des travaux d’étanchéité et d’isolation. 

    Le but de ces travaux était de renforcer la protection face aux intempéries. Le problème avec ces travaux c’est qu’ils ont permis d’accroître la condensation au détriment de l’aération naturelle. En effet, au départ, avec la protection simple vitrage, la ventilation entre l’intérieur et l’extérieur était assurée. Mais avec le double vitrage, tout est hermétique. L’air ne circule plus, et l’environnement devient favorable au développement des mérules. 

    D’après les observations, la même croissance est observée en France, en Suisse, en Belgique, en Hollande, en Allemagne, et en Angleterre. Aujourd’hui, les dégâts de la mérule peuvent être observés dans la quasi-totalité des départements en France. Ces identifications ont été faites grâce à des prélèvements envoyés dans des laboratoires, ou des expertises directes sur les sites, en particulier dans les régions qui longent le littoral atlantique, la Manche, la Mer du Nord, etc. Les experts sont également arrivés à la conclusion que les mérules pleureuses progressent de façon constante et exponentielle dans le pays.

    Selon l’Anah (Agence Nationale de l’habitat), la mérule est le champignon destructeur le plus virulent qui sévit dans les bâtiments en France. Cela signifie qu’il est très important de rester en alerte et attentif afin de réagir si on a le moindre doute. 

    Dans la nature, certains champignons sont lignivores c’est-à-dire qu’ils décomposent les composants du bois tels que : les hémicelluloses, la cellulose et la lignine. Il faut faire attention au terme « lignivore ». Il ne signifie pas que le champignon mange la lignine. Ce mot est composé du terme latin « lignum » qui veut dire « bois » et « voro » qui veut dire « dévorer ou avaler ». Ce genre de champignon permet de rétablir l’équilibre de la nature, car il désintègre les bois morts. Malheureusement, une fois qu’il est dans nos maisons, son rôle n’est pas aussi salutaire. 

    La mérule pleureuse est une espèce que l’on retrouve uniquement dans les habitations, dans les grottes et les cavités d’origine anthropique et naturelle. Mais on peut trouver le Serpula himantioides dans la forêt, en particulier au sein des massifs montagneux, sur les pins abattus. 

Quelles sont les conditions qui favorisent le développement de la mérule pleureuse ?

Tout d’abord, il y a le taux d’humidité. S’il est compris entre 22 et 35 % les mérules peuvent se développer. Si la température est supérieure à 40 %, elles ne peuvent plus se multiplier. Et si elle est inférieure à 22 %, les souches meurent. Par contre, si les syrrotes sont approvisionnées en eau, la mérule peut redevenir virulente. 

La température optimale est celle entre 12 et 15 °C. Il faut savoir que lorsqu’il fait trop chaud, les mérules des maisons ne le supportent pas. Par contre, il n’a pas été pris en compte ce qui pourrait arriver en cas de fortes températures, car il ne gèle pas dans les maisons. Toutefois, des études récentes menées dans un laboratoire de SEMHV ont montré que les mérules pleureuses pouvaient résister à une température de -1° et commencent leur croissance à 5°. 

Une autre condition qui peut favoriser le développement d’une Mérule tient à l’environnement dans lequel elle évolue. Si ce dernier est confiné, chargé d’ammoniac et obscur, il y a toutes les chances que les champignons s’y plaisent. On comprend donc qu’ils raffolent des pièces comme la salle de bain, la salle d’eau, les toilettes, etc.  

Toutefois, les mérules préfèrent le sous-sol ou la cave. Elles n’ont pas besoin de beaucoup d’oxygène pour croître et elles arrivent toujours à proliférer suffisamment. 

Quelles sont les conditions qui empêchent le développement des mérules des maisons ?

Puisqu’elles raffolent de l’humidité, en l’absence totale de ce paramètre elles ne peuvent plus se développer. En effet, cette espèce de champignons ne peut pas capter l’humidité de l’air. Il faut forcément que son environnement contienne de l’eau pour qu’elle puisse s’en servir pour croître. 

Une autre condition qui n’est pas favorable au développement de la mérule est la température extérieure. Lorsqu’elle est de 28 à 35 °C, elle réduit le pourcentage d’eau contenu dans le bois de 20 à 30 %. Ce qui n’est plus favorable pour les champignons.

Toutefois, il faut être très vigilant. Lorsqu’on dit que les mérules ne peuvent pas poursuivre leur développement, cela ne signifie pas qu’elles sont mortes. En effet, lorsque les conditions ne sont pas favorables, elles entrent dans un sommeil ou phase de latence. Elles patientent jusqu’à ce que les conditions soient à nouveau favorables pour elles. La phase de latence peut durer des années. 

Mais rassurez-vous, une mérule peut être vivante (c’est-à-dire être active, pas très active ou encore extrêmement active selon les conditions qui règnent dans l’environnement), ou elle peut être morte. Cela signifie que même si les conditions venaient à s’améliorer, la mérule ne réagira pas. 

Pour parvenir à ce stade, il faut s’assurer que l’humidité du bois ne dépasse pas 20 %. Bien entendu, il ne faut surtout pas que les syrrotes s’approvisionnent en eau et alimentent la mérule. 

Aussi, si la température dépasse les 35 °C pendant au moins 6 heures, on est sûr que la mérule mourra. Ou encore, si on maintient une température de 45 °C pendant au moins 15 minutes, elle ne pourra plus s’activer plus tard, même en présence d’eau. 

S’il n’y a aucune pièce humide dans votre maison et que l’aération est excellente, vous ne risquez pas de rencontrer des problèmes de mérules pleureuses. 

Mais si vous recherchez des traces de leur présence, vérifiez vos plafonds, vos plinthes, vos revêtements, etc. Puisqu’elles sont souvent très bien cachées, on ne découvre leurs ravages que lorsque le bois est complètement détérioré ou encore lorsqu’elles développent un organe reproducteur appelé sporophore. 

La mérule affaiblit la cellulose contenue dans les éléments qu’elle attaque, mais pas la lignine. 

Description d’une Mérule pleureuse

La mérule est composée de plusieurs filaments mycéliens appelés « hyphes ». Ces derniers sont extrêmement fins avec un diamètre compris entre 1 et 7 millièmes de mm (pour un hyphe vasculaire, la taille est de 40 µm). 

Parmi ces filaments, certains entrent dans la masse de bois afin de perforer les cellules et de se nourrir en allant des unes aux autres. Les filaments mycéliens restants forment une toile à la façon des araignées à la surface du bois. 

Si les conditions sont bonnes, la mérule va donner naissance à plusieurs coussinets, mais aussi à des plaques blanches duveteuses. Ces formations vont servir de base à la naissance des plages de couleur jaunâtres. Celles-ci vont ensuite être recouvertes de petites gouttes réfringentes (celles-là mêmes qui ressemblent à des larmes). 

Si les conditions sont défavorables, les filaments de la mérule se regroupent sous la forme de cordons : ce sont les syrrotes. Il s’agit de structures de couleur blanche qui tend parfois vers le gris et qui possèdent un diamètre qui mesure entre 1 et 2 mm. D’après la SEMHV, les cordons (donc les syrrotes) peuvent mesurer jusqu’à 82 m de long. Parfois, les syrrotes prennent une forme en éventail et ressemblent sur la face extérieure à des palmettes avec une structure membraneuse et une couleur grisâtre. 

Les filaments mycéliens se forment grâce à l’obscurité. Mais en ce qui concerne l’organe reproducteur, le sporophore, il a besoin d’un minimum de lumière pour se développer et produire des basidiospores. 

En effet, quand dans un environnement, elles trouvent de l’humidité, de la lumière et du confinement, les formations de la mérule (coussinets et plages) laissent apparaître les sporophores qui s’étalent sur la surface du bois, des murs et parfois même sur le sol. Les sporophores ressemblent à des plaques rondes (plus ou moins), qui peuvent être elliptiques ou avoir une forme quelconque. Leur diamètre mesure au minimum 3 m. Elles comportent une marge stérile de couleur blanche avec une épaisseur d’un cm environ. Leur centre est coloré (de couleur jaune orangé) et composé de plusieurs alvéoles plissées à peu près régulières. Il s’agit de la partie hyménium ou fertile des sporophores. Lorsque les basidiospores se forment par milliards sur les alvéoles, cette partie fertile prend une couleur oranger rouille. 

Rôles des mycéliums, des syrrotes, et des sporophores

  • Les mycéliums (filaments mycéliens)

Ces formations végétatives sont responsables de la production d’une enzyme dont le rôle est d’hydrolyser la cellulose. Ce sont elles qui font brunir le bois et le rendre cassant. C’est aussi à cause des mycéliums que le bois se clive suivant trois plans perpendiculaires dans le but de laisser apparaître une pourriture de femme cubique. Après cela, le bois ne dispose plus d’aucune résistance mécanique et devient friable.

 

  • Les Rhizomorphes (syrrotes)

Ce sont des structures particulièrement résistantes. Elles permettent aux champignons de reprendre leur croissance après la phase de latence. Elles se comportent aussi comme des vaisseaux, car elles transportent l’eau et les ressources nutritives du point d’origine du champignon, à plusieurs mètres, lui permettant de s’étendre. De fait, grâce aux syrrotes, les champignons peuvent se réhumidifier de façon locale et s’établir ailleurs. Quand le champignon attaque la cellulose d’un élément, l’hydrolyse fournit un vrai complément en eau qui sera utilisée pour une nouvelle implantation. C’est aussi grâce aux syrrotes que les mérules s’infiltrent derrière les plinthes, sous les plafonds, les murs, entre les fissures, les joints qui ne sont pas étanches, les bétons poreux, etc.

Il est important de préciser que l’espèce Serpula himantioides (Mérule sauvage) peut solubiliser le gypse (sulfate de calcium) qui est utilisé pour construire et de cette manière dégrader complètement les murs.

 

  • Les Sporophores

Ils sont chargés de la production de milliards de basidiospores. D’après les travaux de FINLAY en 1953, le sporophore d’un mètre de diamètre est capable de produire près de 5 millions de basidiospores chaque minute, et ce, sur une longue durée. Ces derniers recouvrent de leur poussière rouille tous les éléments qui se trouvent dans le voisinage. Ils sont ensuite disséminés un peu partout grâce à l’air, l’homme, les polluants, les insectes, etc. Lorsqu’on considère la quantité de spores fabriquée, ce n’est qu’une question de temps pour qu’elles trouvent des conditions favorables afin de s’établir, de germer et de produire d’autres mérules et le cycle reprend.

Dans quels endroits les mérules se développent-elles ?

 

  • Dans les anciennes maisons : parce qu’elles sont humides, inhabitées et mal ventilées.
  • Sur les bois encastrés ou adossés.
  • Derrière une structure de maçonnerie dégradée, une gouttière en mauvais état, ou à l’intérieur d’une fissure.
  • Sur les murs enterrés et non étanches qui ne sont pas exposés au soleil et qui sont recouverts par la végétation./li>
  • Sur les bois contenus dans une cave mal aérée avec un sol en terre.
  • Près d’une fuite d’eau.
  • Sur un mur humide situé derrière des boiseries, un meuble ou un lambris.
  • Près d’une fenêtre déplacée, modifiée ou en mauvais état.
  • Dans un local pas très bien chauffé et sujet à l’humidité de façon persistante.

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